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Eurocalypse

Après la grande crise des années 2010, les gouvernements supranationaux se regroupent de plus en plus en grandes zones. En Amérique, la zone NAFTA rassemble Canada, États-Unis et Mexique ; en Amérique latine, le MERCOSUR devient petit à petit l’équivalent sud-américain de l’Union européenne sous le leadership du Brésil. L’UE, quant à elle, a grandi jusqu’à englober tout le Sud de la mer Méditerranée. La Turquie est aussi sur le point de mettre en place un protectorat économique s’étendant à l’ensemble du Moyen-Orient et du Sud-Caucase. En Asie, la nouvelle Fédération des Nations d’Asie (FNA) placée sous l’égide chinoise et indienne regroupe la plupart des pays de la région, y compris le Japon. La Russie a repris le contrôle politique des dictatures d’Asie centrale du Belarus et d’Ukraine. L’Afrique, vaste continent-gisement ouvert de ressources naturelles et humaines, est littéralement mise en pièces et est souvent la source de conflits entre tous ces grands blocs, mais par un accord tacite et bien compris, jamais ces conflits ne sortent du cadre local.
Ces gouvernements supranationaux œuvrent pour résoudre les problèmes globaux. Mais ce qui se met en place est un système ultralibéral qui divise la population en trois grands groupes : les très riches bénéficient des économies d’échelle globales et de gains en capitaux encore plus grands qu’auparavant et vivent dans les régions les plus protégées des effets climatiques, de la pollution et des troubles. La classe moyenne, qui vit dans les centres villes, est de plus en plus mise sous pression économique. Ses membres n’arrivent que très rarement à sortir de leur condition d’employés de bureau et, lorsqu’ils ne sont pas shootés à l’entertainement, ils vivent dans la terreur de perdre leur emploi et de finir relégués dans les zones de banlieues où habite la troisième catégorie de la population. Cette dernière survit tant bien que mal dans de vastes zones entourées de murs. Une population colorée et bigarrée, au mieux prolétaire mais le plus souvent abandonnée à elle-même, analphabète et violente, et rapidement mise sous la coupe de bandes ethniques et d’ordres mafieux, y a fait son apparition. Toute critique de ce système est sévèrement réprimée grâce à des lois anti-terrorisme très strictes. À chaque scandale financier ou de mœurs (et ils sont fréquents – la pédophilie semble, par exemple, très diffuse chez les élites), un attentat terroriste vient opportunément rappeler qu’il faut se préoccuper des vrais problèmes !
Ce système hyper-centralisé n’a toujours pas réussi à résoudre aucun des problèmes fondamentaux. Le mot d’ordre reste la croissance, pour laquelle il faut continuer à trouver des ressources et, malgré les désastres écologiques que les recherches, les forages et les traitements provoquent, la machine économique continue sa progression à la recherche de la dernière goutte de pétrole et de la dernière miette de minerai.
Heureusement, quelques honnêtes gens arrivent à s'organiser en dehors de ce système. Dans les campagnes, de petites poches de résistance appelées Fractions sont nées pour essayer de sauver ce qui peut encore l'être de l’humanité. Différentes sections de ces fractions sont retranchées dans le Vercors, en Forêt Noire, dans les Highlands d’Écosse, dans les Apennins, dans les montagnes Rocheuses, dans le Rif, dans les Balkans, dans l’Oural, dans l’Altaï, dans l’Himalaya, dans les Andes et dans la Terre de Feu.
Lorsque, avec la disparition définitive des écosystèmes marins, la plupart des écosystèmes commencent à vaciller puis à disparaître les uns après les autres en seulement quelques années, la crise alimentaire devient si grave que chaque région et chaque zone se barricade afin d’éviter que les plus pauvres ne massacrent les plus riches. C’est pourtant ce qui arrive lorsque ce qui reste de la classe moyenne est littéralement massacré et mis en pièces par des hordes affamées. Les plus riches ont beau se barricader ou essayer de fuir – mais pour aller où ? – ils sont le plus souvent massacrés quand ils ne sont pas trahis par leurs propres services de sécurité. Les immenses zones urbaines, issues de la concentration urbanistique de la fin du XXe et début du XXIe siècle, deviennent de véritables zones de jungle urbaine où une société violente et chroniquement affamée se bat pour chaque territoire utile, à mesure qu’elle disparaît.
En 2050, la population mondiale est ainsi réduite à moins d’un demi-milliard d’habitants. Seuls les habitants des fractions – dans des villages et fermes fortifiés à travers le monde – peuvent espérer survivre et reconstruire le monde.

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Kali Yuga/Ragnarok
Les hindous croient que la civilisation humaine dégénère spirituellement au cours de la Kali Yuga, qui est dénommée l'âge noir. Dans la mythologie nordique, le Ragnarök est une fin du monde prophétique qui comprend une série d'événements dont trois hivers sans soleil qui se succèderont et qui seront suivis d’une grande bataille dans laquelle la majorité des divinités et des hommes mourront. Aura lieu ensuite une série de désastres naturels : le monde sera submergé par les flots et détruit par les flammes. Une renaissance s’ensuivra, où les dieux restants aideront le seul couple humain survivant à repeupler le monde.
En 2012, la crise financière démarrée aux États-Unis consume les banques les unes après les autres et pulvérise l’épargne de millions d’Américains et d’Européens. Les prix des matières premières continuent de flamber entre rareté et spéculation, le chômage augmente partout dans le monde alors qu’une grave crise alimentaire est provoquée par de très mauvaises récoltes. Dans de nombreux pays, des révoltes de la faim éclatent. Plusieurs guerres éclatent : entre Vénézuela et Colombie, Iraq et Kurdistan, Russie et Géorgie, Chine et rebelles ouïghours, Laos et Thaïlande... Les chefs des gouvernements du monde sont désemparés face à la quantité de crises. Le moral est au plus bas. Soudain, une petite deuxième lune apparaît dans le ciel nocturne. La NASA et l’Agence spatiale fédérale russe annoncent qu’il s’agit d’une comète non répertoriée, qui avait jusqu’à alors échappé aux observatoires. La probabilité d’impact avec la Terre serait de 10% et celui-ci pourrait avoir lieu dans seulement quelques jours.
L'apparition de cette comète paralyse alors toute capacité humaine à réfléchir rationnellement. On assiste à une croissance subite de la religiosité, à des suicides de masse, des paniques, des débauches, des massacres et des assassinats en solde de vieux comptes. Les gouvernements russes, chinois et américains lancent en urgence plusieurs fusées à ogive nucléaire afin d’essayer d’intercepter ou de dévier cette comète. Mais c’est déjà trop tard.  Pendant un temps, les guerres cessent et, de tous côtés, les combattants regardent ensemble le ciel. On prie beaucoup. Puis la comète, qui aurait été touchée par un missile, se disloque et percute la Terre de plein fouet en décembre 2012 – date ironique car elle renvoie à la fois aux prophéties maya ou aux histoires farfelues de planète Nibiru.
L’impact des morceaux de comète est redoutable. Une partie de la comète touche la Terre sur la côte nord de la mer Rouge, très près de Jiddah, en Arabie Saoudite, qui est instantanément vaporisée. Sur un rayon de 500 kilomètres, tout se carbonise instantanément, y compris la Mecque. Bien que la mosquée Masjid-Al-Haram soit pulvérisée, la pierre noire de la Ka’aba n‘est pas détruite. Beaucoup parleront de miracle. Un autre morceau de la comète, le plus gros, percute la Terre au niveau du golfe de Guinée, ce qui provoque une vague de plus d’un kilomètre de haut qui tue quasiment toute vie sur un rayon de plus de mille kilomètres, ce qui revient à peu près à 500 millions de personnes en quelques minutes. Les troisième et quatrième parties de la comète disloquée touchent respectivement la région du Mato Grosso au Brésil et la ville de La Paz en Bolivie. Les destructions sont énormes. Près d’un milliard de personnes sont tuées en quelques heures entre l’onde de choc, les tsunamis, les incendies et les autres effets de cet impact.
Hélas, les souffrances de l’humanité ne font que commencer. Cet impact projette dans l’atmosphère des milliers de kilomètres cubes de cendres et de poussière. Sous l’effet du choc sur la croûte terrestre, de nombreux volcans se réveillent et, partout dans le monde, des éruptions et des tremblements de terre provoquent des dégâts considérables. Un nuage de poussière très épais commence à couvrir le globe et empêche la lumière du soleil de passer correctement. Au cours de la décennie suivante, les températures baissent sensiblement. Il y a des hivers très froids et humides, les récoltes sont pratiquement réduites à néant et le peu qui pousse ne tient pas à cause des pluies acides. La faune et la flore mondiale disparaissent pratiquement aussitôt. Bientôt, il n’y a plus un seul animal dans les fermes, dans les forêts, ni dans les océans. Dans un chaos indescriptible, où chacun se bat pour avoir accès à de maigres ressources qui disparaissaient très vite, où une boîte de conserve est le synonyme, et l’espoir, d’un jour de plus de survie. Dans la violence et la barbarie l’espèce humaine se retrouve réduite à un tout petit demi-milliard d’individus en 2020, individus qui se concentrent pour la plupart dans les rarissimes régions qui n’ont pas pâti de l’obscurité ou dans de rares abris souterrains.
Dans un monde détruit, l’humanité se retrouve devant la possibilité réelle de disparaître entièrement. Des hommes et des femmes, un peu paranoïaques et qui s’étaient préparés à l’éventualité de ce genre de catastrophe, émergent un peu partout de leurs abris. Ces survivants, qui sont restés en contact radio pendant ces années de chaos, s’organisent en communautés et deviennent les nouveaux meneurs d’une humanité qu’il faut refonder à partir de zéro.

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